Fiançailles à prolongations
La rencontre ici : http://david-pagnon.com/fr/lelue-de-mon-coeur-et-l-etat-islamique/
L’enterrement de vie de garçon : http://david-pagnon.com/fr/mon-enterrement-1/
Les vœux : http://david-pagnon.com/fr/nos-voeux-de-mariage/
« Pourquoi remettre au lendemain ce qu’on peut faire le surlendemain ? » Alphonse Allais.
Certains le savent, je suis maintenant fiancé !
Et certains veulent connaître l’histoire, la voici donc avec force détails. Vous l’aurez voulu.
Tout d’abord, resituons le contexte. J’ai rencontré Mikaela au Liban il y a 4 ans, suite à quoi nous avons perdu le contact et vécu nos vies chacun de notre côté : elle de retour aux États-Unis, et moi en France. Fin de l’histoire ? Que nenni. Et c’est bien heureux, car autrement j’aurais été bien en peine de la demander en mariage. 3 ans plus tard, au détour d’un triste événement bien médiatisé outre-atlantique, elle renoue le contact pour m’adresser ses condoléances – et accessoirement, pour me demander des nouvelles. Je réponds, avec quelques détails. Elle répond à son tour, c’est un peu plus long. Eh oh, je ne vais pas me laisser faire, c’est moi le papa des textes sans fin. Ah bon ? Pourquoi pas, mais alors elle c’est la mamma du roman à épisodes, elle a d’ailleurs en projet plusieurs livres…
Bref, de fil en aiguille, de brèves questions en lettres interminables, de réponses éclair en attentes longues comme un jour sans pain, quelque chose se construit. Je vais la voir une première fois chez elle, puis une seconde fois pour un mois complet. Dans l’intervalle, la relation épistolaire se construit, agrémentée des moyens de visiophonie modernes, et des projets communs se dessinent.
Lorsqu’elle se décide à venir chez moi, et à proposer de venir habiter en France, je commence à envisager l’éventualité de la demander en mariage. Commencer est d’ailleurs un bien faible mot, c’est une pensée qui me trotte dans la tête depuis un moment déjà. Et je sais qu’elle partage cet idéal de mariage venu d’un autre âge.
Maintenant, comment faire ? J’ai un côté romantique mais pas de thunes, et un côté perfectionniste mais une fâcheuse propension à attirer les galères.
Où, quand et comment insérer dans ces deux semaines l’un des événements les plus importants de notre existence commune ? En sachant que dans le même temps, je dois organiser des rencontres avec mon innombrable famille et avec pas mal d’amis, prendre des rendez-vous pour préparer son avenir civil et professionnel en France, lui faire découvrir des endroits sympathiques, louer une voiture pour les trajets, préparer un camp scout auquel elle participera pendant deux jours… Le tout, à concilier avec les disponibilités des uns et des autres, et en essayant de minimiser les coûts et les temps de trajet autant que possible. Parce que faire le tour de la France en 13 jours sans organisation, même des cyclistes dopés n’y arriveraient pas.
Mais tout d’abord, puisque j’ai appris que l’habit faisait le moine et que je n’ai aucune envie de faire vœu de chasteté à jamais, je prends le temps m’acheter un costume. Grâces en soient rendues à mes sœurs, qui m’aident à faire un choix, tant pour cet accoutrement que pour la bague. Également, je profite d’un soir où je sais que ma (future) promise n’est pas avec ses parents pour leur demander la main de leur fille en bonne et due forme. Non pas que ça change grand chose à ma décision, mais leurs avis et conseils seront toujours bons à prendre. Et puis c’est toujours amusant d’entendre le père faire semblant de me faire mariner, et après maintes pirouettes m’accorder un « Ok! » qu’il veut salvateur. Un petit marrant son père.
J’ai plusieurs scénarios et plusieurs lieux en tête, mais tous répondront au même leitmotiv. Au moment propice, je devrai me retrouver en costume et lui proposer une petite boite, dont le contenu lui permettra de comprendre peu à peu ce que j’ai derrière la tête. Il s’avère que le « peu à peu » ne fonctionnera pas du tout, le costume sera un indice suffisamment invraisemblable pour que la connexion se fasse immédiatement dans ses neurones. Cette fille est bougrement intelligente ! Je fais bien de l’épouser dis-donc.
Puisque je ne sais pas exactement quand se présentera le moment propice, je me baladerai en permanence avec mon costard et ma boîte dans mon sac. Je devrai faire en sorte de les cacher tous les jours sans qu’elle s’en doute, à portée de main « au cas où », néanmoins dissimulés sous d’autres affaires pour qu’elle ne découvre pas le pot aux roses (alias la boîte à fleurs) s’il lui prend l’idée d’ouvrir mon sac.
Dans cette boite se trouveront des fleurs en origami, de formes et de couleurs différentes. Toujours en origami, il y aura également un cœur gonflable un petit peu plus gros. Sur le ventricule droit, sera inscrit « Veux-tu… » ; sur le gauche, « Will you… » Elle pourra ouvrir le cœur et y trouver une petite boite, encore en origami. Cette petite boite se transformera en rose lorsqu’elle l’ouvrira, une rose sur les pétales de laquelle sera écrit le reste : « … marry me? », « … m’épouser ? ». Et c’est en démontant complètement cette boite-fleur qu’elle trouvera la bague, qu’elle choisira ou non de se passer au doigt. Au passage, cette bague sera trop grande, mais ça n’a jamais fait partie du plan.
L’émotion passée – à supposer qu’elle veuille bien m’épouser – je lui offrirai un joli carnet sur les premières pages duquel j’aurai écrit quelques mots, un psaume de la bible, un récapitulatif des jalons de notre relation, et un rappel exhaustif de tous mes défauts pour m’assurer qu’elle ne tarde pas à regretter sa décision. Elle m’a offert un carnet similaire lors de mon anniversaire : pourquoi ne pas les utiliser chacun de notre côté pour consigner nos bons souvenirs ensemble, et les échanger lors des périodes de crise ou en cas d’humeur romantique ?
Le tout étant aléatoirement écrit en anglais et en français, pour bien lui montrer que je ne place pas une langue au dessus de l’autre. C’est qu’ils sont susceptibles et patriotes à l’extrême ces américains ! Il serait ballot de lui refiler une mauvaise impression si tôt après nos fiançailles… Parce que oui, dé-ménageons le suspense, à la fin elle dira « Oui ».
L’expérience prouvant que les choses ne se passent jamais de la façon dont je les planifie, je prévois un plan B, ainsi que des plans C, D, E, F, G… Finalement, aucun d’entre eux ne se concrétisera, j’improviserai. L’histoire de toute ma vie… C’est comme le parkour : dans la vraie vie du dehors (avec des gens), on ne sera jamais confronté à des obstacles exactement similaires à ceux sur lesquels on s’est entraînés. En revanche, le fait de s’être préparé sur une variété importante d’obstacles nous aura rendu bien plus susceptibles d’être capables de nous adapter.
Mais assez de digressions et de prosélytisme, vous étiez sûrement déjà pleinement convaincus que le parkour c’est le bien. Quels sont donc ces plans foireux ?
Plan A :
Mikaela atterrit à Genève, qu’on visite. On fait une escale à Grenoble pour le feu d’artifice du 14 juillet, on passe une journée chez mes grand-parents, puis on se dirige en montagne. Le cadre est magnifique, et c’est par ailleurs l’occasion pour Mikaela de participer à un festival de cultures celtiques où elle pourra rencontrer la communauté irlandaise dans laquelle elle est impliquée. J’imagine partir randonner pendant une journée, camper entre les aiguilles d’Arves, et redescendre le lendemain matin. Redescendre fiancé.
Voici le plan. La nuit, après le repas et avant d’aller nous coucher, j’aurais sorti quelque chose de romantique du genre : « je vais pisser ». Mais ceci n’aurais été qu’un subtil subterfuge ! J’en aurais en fait profité pour mettre mes affaires dans le sac, et mettre en place rapidement un jeu de piste. De retour à la tente, je lui aurais proposé d’admirer les montagnes qui se reflètent dans le lac, au clair de la pleine lune. Quelques jalons lui auraient mis la puce à l’oreille, jusqu’à son arrivée où je lui serais apparu comme dans un songe, sapé comme jamais.
Je lui aurais alors offert la boîte, qu’elle aurait ouvert avec précautions, découvrant avec calme et délicatesse chacun des étages, sa patience n’ayant que faire de mon appréhension. Elle aurait alors tranquillement enfilé la bague enfin révélée, avec un regard paisible, amoureux et décidé. Étant sortie en pyjama, j’aurais choisi cet instant pour lui proposer une belle robe que j’aurais préalablement subtilisée de sa valise, et on aurait pris quelques photo. La soirée se serait poursuivie, les deux tourtereaux qui nous aurions été discutant d’un bel avenir commun en admirant le paysage.
Mais on n’est pas dans chez Walt Disney, ça aurait été trop surfait. Au moment où elle esquisserait le geste d’enfiler la bague, prête à dire le mot de la délivrance…
« Wait wait wait !! Attends ! D’abord je dois te parler de tous mes défauts ! Je suis bizarre, décalé, puéril, agaçant ! Je ne suis pas riche, je n’ai pas de situation stable, j’attire les galères ! Je suis tête en l’air, oh un papillon regarde, je porte le costume pieds nus ! Et surtout, … Surtout, je suis français ! »
« … Par contre ton père a dit d’accord. »
À ce moment là, conquise par tant de défauts, son cœur en émoi aurait cédé complètement. Sous le charme, elle aurait définitivement accepté ma bague et mon bisou.
Comment est-ce que ça sonne ? Trop vraisemblable pour être vrai ? Effectivement, et puis tout compte fait, ça aurait surtout manqué de de péripéties.
Un ami me propose de lui emprunter son chalet, à 20 minutes à pied du festival. Il est parti s’occuper de chevaux en Géorgie pour plusieurs mois, mais les clés devraient toujours être suspendues à côté de l’escalier. Normal. C’est quand même une chance qu’il serait dommage – et suspect – de laisser passer ! Et cette suspicion aurait ruiné la surprise, je veux ne révéler aucun indice. Pour ce faire, le mieux est encore de n’avoir aucune idée moi-même du moment.
On ne campe donc pas aux aiguilles d’Arves. Tant mieux dans un sens, la demander en mariage à ce moment là aurait probablement été trop tôt, et la fatigue aurait un peu gâché les émotions. On part quand même faire une balade nocturne à l’occasion d’une insomnie de Mikaela, à 4h du matin. Et on se perd. Heureusement, il y a le plan B !
Les plans suivants sont bien plus concis, ne vous enfuyez pas.
Plan B :
Mes grands parents habitent dans une ferme à la campagne, on a prévu de passer chez eux pour quelques nuits. La veille de l’arrivée de Mikaela je fais une exploration du territoire. En vélo, parce qu’à pieds j’y aurais passé des jours. Or, il n’y a pas de vélo chez mes grands-parents : je fais donc toute la montée de 45 minutes de la gare à chez eux, à vélo, avec deux sacs bien lourds et des fleurs bien délicates. Une alliance entre la force et la délicatesse, je trouverais ça presque poétique. Faut savoir ce qu’on veut dans la vie.
Je trouve un endroit super sympathique dans la forêt, une clairière avec un petit cours d’eau clair et chantant. Ça devrait faire l’affaire ! Au cas où le plan aux aiguilles d’Arves capoterait, tout ne serait pas perdu.
Et s’il pleut ? Les contingences du destin m’ont appris qu’il fallait s’attendre au pire, en toutes circonstances. C’est pour ça qu’il y a un plan C.
Plan C :
Je retourne chez mes grands parents, et aménage un petit coin champêtre dans la vieille grange. J’enlève les toiles d’araignée, je place des buches au sol pour faire office de siège, je libère l’accès au four à pain, j’éclaircis le fond, je range les outils, et j’écarte la hache (on sait jamais). Je laisse le râteau toutefois, Mikaela est une femme du XXIème siècle à qui je me dois de laisser cette cruelle liberté.
Vous vous en doutez, aucun de ces plans n’est mis à exécution. On ne passe pas assez de temps chez mes grands-parents, ma chère et tendre n’a même pas le temps de faire le tour du jardin, encore moins de s’offrir une balade dans les environs.
Plan D :
J’aurais bien pu tirer avantage de notre expédition en tandem (3€ pour 2 jours avec métro vélo, subtil placement de produit) jusqu’au château de Vizille, berceau de la révolution de Française. Un édifice magnifique entouré d’un parc animalier extraordinaire, doté de cours d’eau à profusion et d’une nature luxuriante, harmonieuse sans être asservie.
Mais j’ai oublié.
Plan E :
Ou alors, une autre occasion aurait été notre ascension de la via ferrata de la Bastille de Grenoble. Un joli décor encore une fois, et une légère sensation de danger idéale pour me faire passer pour le super-héros à gros bras, qui la rassure et la conduit au sommet en toute sécurité. Mais là encore, c’est un échec.
Pourtant, si tant est que ça puisse être une excuse, je n’ai pas celle d’avoir oublié. J’ai simplement réfléchi, tergiversé, et pas osé. Quel gros lâche…
Plan F :
On repasse par chez moi. J’ai un toit très intéressant : il est possible de monter par le vélux, faire le tour, tomber sur mon hamac, se reposer dedans tout en admirant les toits, les bâtiments historiques, et la montagne en arrière plan. Un peu plus loin, on y trouve une porte disposée là en toute improbabilité, qui via une petite désescalade conduit au couloir qui mène à ma porte d’entrée… Cette porte dispose d’une ouverture en forme de cœur. C’est l’endroit rêvé pour prendre quelques photos, et pour faire ma demande !
Mais ma dulcinée flippe, et il se met à pleuvoir. On fait demi-tour.
Plan G :
On part rendre visite à des sœurs, une mère, des oncles, tantes et cousins divers et variés à Toulouse. Or, ma connaissance de la ville se limite aux appartements de la famille, qui s’ils sont accueillants ne représentent pas tout à fait mon idée du romantisme. Et après mille pérégrinations et péripéties, il est peut-être le moment de se reposer non ?
Petit intermède pour vous faire patienter avant la suite.
Entre Grenoble et Toulouse, nous avions prévu de passer deux jours en camp scout. Lyon se trouve sur la route, on y prends donc rendez-vous avec le directeur d’un centre de danse irlandaise. On se gare tranquillement, on retrouve le gars, le rendez-vous se passe bien et promet de beaux projets, on retourne à la voiture. En avant pour le camp !!
Je tourne la clé de contact, rien. La voiture ne démarre pas. Elle ne daigne même pas m’accorder le moindre espoir en toussant un petit peu. Pas la moindre réaction, à croire qu’elle n’en a rien à faire que je lui retourne la clé dans le neiman. Ni les mots doux, ni les insultes n’y changent quoi que ce soit. Elle reste de marbre. Les actions concrètes comme nettoyer les cosses de la batterie ne sont pas soldées par plus de succès. Je ne connais malheureusement pas grand chose à la mécanique automobile, et cette voiture de location n’est pas la mienne. Ça n’aide pas.
J’appelle donc l’assurance, qui nous envoit un dépanneur. On attend quelque temps, il arrive, il tourne la clé, la voiture démarre. Ah. J’ai beau me savoir bête, je suis formel : elle ne fonctionnait pas il y a une demi-heure ! Le dépanneur me croit, c’est bien aimable à lui. D’après lui, l’organe en cause est soit la batterie, soit le neiman, soit le démarreur ; probablement le démarreur. Il nous conseille de faire demi-tour, de ne surtout pas arrêter la voiture, et de l’amener jusqu’à un garage à Grenoble. La voiture étant louée à un particulier via drivy plutôt que par une agence classique (aux tarifs exhorbitants), l’assurance ne prévoit pas de solution de remplacement.
À Grenoble, nous sommes face à un dilemme. Allons-nous à un garage pour y laisser la voiture, au risque de louper les scouts ? Ou prenons-nous le risque de tenter d’aller plus loin en suivant le conseil du propriétaire, qui nous dit que ce problème est résolu par un simple coup sur le démarreur ? Je cale sur un feu rouge. Parfait, ça va nous aider à prendre la décision. Quelques coups sur le démarreur, rien n’y fait. La solution est toute trouvée : on laissera la voiture au garage, et on en trouvera une autre d’ici demain. Maintenant, il faut trouver le moyen de déplacer la voiture jusqu’au garage sans moteur.
45 secondes chrono après la panne, une voiture s’arrête. Un sale arabe sauvage en sort et nous fait l’affront de vouloir nous aider sans qu’on ne lui ait rien demandé. C’est fou comme ces immigrés se sentent chez eux de nos jours. Un racket j’accepterais, ça confirmerait nos préjugés et tout le monde serait content. Mais une aide gratuite et de bon coeur !!? Ils feraient bien de se cultiver, « la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres », et là c’est ma liberté à être raciste et stigmatisant qui est atteinte. Où va le monde, je vous le demande…
C’est un mécanicien qui justement sort à peine du boulot : il prend ses câbles, fait son installation, et nous redémarre la voiture en deux temps trois mouvements. Il nous conseille d’aller rapidement jusqu’à son lieu de travail, c’est sur le point de fermer mais si on dit qu’on vient de la part de Kader on nous aidera ! Merci monsieur. Là-bas, on nous fait gratuitement un diagnostic complet : c’est bien le démarreur qui est en cause, et on n’aurait jamais pu arriver à bon port si on s’était entêté.
Il faut donc trouver une voiture d’ici le lendemain, et malheureusement poser un lapin aux autres scouts. La nuit même, je me couche à 4h du matin pour envoyer le détail des animations que j’avais prévues, histoire que l’équipe ne soit pas trop en galère à cause de moi. Tout allait pourtant bien, nous étions organisés, en avance même ! Mais avant de s’engager plus loin, Mikaela avait probablement besoin de tâter de ma poisse habituelle.
Ça présente toujours l’avantage de nous laisser un jour et demi pour calmer un peu le jeu et nous poser un peu ! Nous mettrons ce temps à profit pour aller aux cuves de Sassenage. Un enchaînement de cascades magnifiques à admirer, une grotte riche d’histoire à visiter, et des sauts de canyoning palpitants à oser. Le tout, accessible en 30 minutes en transports en commun, ou 10 minutes en voiture. Il va sans dire que je ne fais pas ma demande ici, malgré l’éclatante beauté des lieux. Je ne voudrais pas que ces instants solennels soient gâchés par l’appel d’un homme pressé de récupérer ses clés.
Toute la journée, j’attends d’une minute à l’autre l’appel du propriétaire de la voiture, qui finit par se manifester au moment idéal : lorsqu’on est déjà en train de redescendre. On trouve une autre voiture à louer pour le lendemain, on peut arriver sereinement à Toulouse. Tout est bien qui finit bien – mais je ne suis toujours pas fiancé.
Fin de l’intermède, reprenons la narration de mes plans.
Plan H :
On est à Toulouse, mes idées sont épuisées, je ne sais plus trop où ni comment faire. Le temps presse, Mikaela part dans trois jours… Elle me lâche quelques indices, de quoi me convaincre définitivement que j’ai mes chances. Et rien ne sert d’avoir mes chances si je ne tente pas ma chance.
On partira de Toulouse un jour plus tôt que prévu. La cité médiévale de Carcassonne est sur la route, je ne la connais pas mais sa renommée l’a précédé. La demande sera à Carcassonne, ou ne sera pas !
Bon. Carcassonne est bien sympathique, mais c’est avant tout une enfilade de boutiques, bondée de touristes. Ce n’est pas du tout le charme que j’attendais, et l’intimité ne sera pas au rendez-vous. J’ai beau chercher un coin d’herbe isolé avec les remparts en arrière-plan, je ne trouve pas.
Tant pis, quand le 8ème plan ne marche pas, il y a toujours le 9ème !
Plan I :
Encore un peu plus loin sur la route du retour se trouve Narbonne et ses plages. On y arrive à 21h, il commence à se faire tard. L’eau est fraîche. Mikaela, habituée aux 45°C de son désert arizonien, a trop froid pour baigner plus que les jambes. Moi, je barbotte un peu plus longtemps parce que je suis un homme, un vrai. Toutefois, lorsque je sors de l’eau je tremble comme un marteau-piqueur – alors que je n’ai rien de piqueur, je ne pense même pas être complètement marteau.
« On devrait retourner à la voiture, si tu ne t’habilles pas tu vas attraper froid !
– Mais non, je tremble pour me réchauffer allons ! C’est si je ne tremblais pas que j’aurais froid… »
Ma mauvaise foi m’étonnera chaque jour un peu plus.
BAM ! Illumination, je me souviens pourquoi je suis là ! C’est l’occasion ou jamais.
« Ok t’as raison, je devrais me rhabiller. Mais pas la peine de retourner à la voiture, j’ai ce qu’il me faut dans mon sac !
– D’accord, pendant ce temps je cours me rincer les jambes. »
BIM encore mieux ! Pendant qu’elle s’écarte, je balance mon sac par terre, en sors la boite à surprise et le costard, m’habille à toute vitesse et l’attends enveloppé dans ma serviette. Et tel un Apollon (un peu plus habillé), je me découvre.
« David, mais tu fais quoi ?
– Euh, t’en as vraiment aucune idée ?… »
Passons les détails de mes bafouilles, je lui prends les mains, je mets un genou à terre, je lui passe la boîte, et je fais ma demande.
« Ouais pourquoi pas ! » (la traduction a pu être légèrement altérée pour les besoins de l’intrigue).
D’un coup de formule magique, ma copine se transforme en fiancée. YES !!! Je vérifie quand même.
« Tu es sûre ? Tu as deux minutes pour changer d’avis, après ton destin sera scellé pour toute ta vie ! »
Elle me rassure comme elle peut, et en effet deux minutes plus tard elle est toujours d’accord. Le lendemain aussi d’ailleurs, ça me fait bien plaisir tiens !
Vous remarquerez que le côté solennel que j’avais imaginé n’y est pas tout à fait. Si vous avez bien suivi, je suis donc en costard – pieds nus – sur la plage, tandis que ma promise est en maillot de bain. Elle ouvre la boite sans précautions, écrase les fleurs à moitié, ouvre le cœur, la petite boite, prend la bague, réalise qu’elle ne lui va pas sans s’en formaliser outre mesure, et me répond un « Yes I will, Oui je le veux ! » Tant pis pour le côté solennel, le côté incongru me va tout autant ! Et puis c’est le résultat qui compte…
La situation, même en dehors d’une demande en mariage, mériterait bien une photo. Il fait nuit, un selfie n’est pas évident à prendre sans flash. Un mec passe au hasard de sa chasse de pokémon Go, et nous propose de nous prendre en photo. Je ne sais décidément toujours pas si ce jeu est un coup de génie ou un scandale innommable, toujours est-il qu’en l’occurrence je penche plutôt pour la première option !
On revient à la voiture pour qu’elle s’habille, il faut retourner sur les lieux et prendre des photos dignes de ce nom. On termine la soirée en mangeant des moules et des calamars au restaurant d’en face, et on rentre enfin à Grenoble ! On y arrive explosés de fatigue à 5h du matin, mais on s’en fout. Le lendemain est calme, on fait un tour en ville, on croise des amis qui nous félicitent, et on se mange une fondue. Oui oui, une fondue en pleine canicule ! Ce n’était probablement pas le moment d’objecter et de la contrarier pour des futilités… Et elle a apprécié, donc pourquoi pas après tout !
Et le jour d’après c’est le grand départ, où elle retourne chez elle. L’absence va faire mal, mais l’avenir reste radieux !
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