Parkour, freerunning et « assimilés »: Mon humble conception des choses
Cet article commence à dater et est un petit peu moins pertinent qu’à l’époque, puisque d’une part ma vision a évolué, et d’autre part depuis quelque temps les tensions semblent s’être clairement apaisées entre les différents courants. Il y a quand même quelques idées potentiellement intéressantes.
Vous pouvez lire quelque chose de plus actuel ici !
Qu’est-ce que le parkour ? Pour moi, le parkour au sens strict, c’est aller du point A au point B, en franchissant les obstacles de façon efficace. C’est avant tout des enchaînements, de la course, en bref le fait de « tracer » droit jusqu’à un objectif défini, en adaptant sa course aux obstacles qui se trouvent sur le chemin. C’est donc une sorte de combinaison athlétisme/escalade en milieu non dédié.
Bien sûr, pour en arriver là il faut travailler de manière globale (course, explosivité endurance et souplesse, appréhension du vide, etc) mais aussi de façon spécifique tous les mouvements indépendamment les uns des autres. Et pour ce faire, il est quand même plus pratique de travailler à un endroit où toutes ces possibilités techniques sont regroupées. C’est pour ça qu’on bouge souvent sur des spots. Gardons tout de même à l’esprit que bouger sur un spot, c’est un entraînement au parkour, pas du parkour!
De la même façon, on a la chance d’avoir une discipline où quel que soit le sport qu’on fasse à côté, il sera probablement utile à notre entrainement. Faire de l’escalade ou de l’athlétisme, c’est particulièrement utile pour le parkour. Mais ce n’est pas du parkour! Faire des saltos, ça permet de mieux situer son corps dans l’espace, c’est donc très utile. Mais ce n’est pas du parkour! Travailler des mouvements individuellement, c’est utile aussi. Mais n’en déplaise aux « puristes », ce n’est pas du parkour non plus!
Inévitablement, il y a forcément des gens qui vont prendre tellement de plaisir à faire des mouvements individuels, ou à utiliser le mobilier urbain (ou naturel) pour faire des figures, qu’ils vont avoir envie d’élever ces capacités au rang d’art, ou du moins de discipline à part entière. C’est très bien, on retrouve beaucoup de parkour là dedans mais je ne pense pas qu’il faille appeler ça du parkour.
L’objectif n’est radicalement plus le même, on enlève l’une des contraintes essentielles au parkour : « être fort pour être utile ». Le mieux serait donc peut-être d’avoir un terme générique qui rassemble toutes ces tendances (pour prendre un autre exemple: le vélo), et d’autres termes pour définir plus précisément chacune de ces tendances (cross, trial, BMX etc). On pourrait ainsi appeler les choses par leur nom et laisser les vaches bien gardées, quitte à pratiquer toutes ces disciplines indifféremment ! Dans l’idéal, on aurait même le droit d’apprécier la pétanque ou les colliers de pâquerettes sans se faire accuser de ne pas être « dans le vrai »…
Après réflexion, je pourrais proposer :
– « Parkour » pour l’ensemble,
– « Art du déplacement » pour le parkour au sens strict, [1]
– « Art du franchissement » pour le parkour technique, et
– « Freerunning » pour le parkour freestyle.
Mais je ne suis ni l’académie française, ni l’un des fondateurs donc je n’ai pas vraiment la légitimité (ni l’influence) nécessaires pour imposer ça… 🙂
[1] L’origine historiques des termes pourrait cependant porter à confusion, voire être matière à débats enflammés : à la base « freerunning » n’était qu’une traduction un peu hâtive de Sébastien Foucan pour définir le parkour en Angleterre. Mais les évolutions ont été différentes, et aujourd’hui le freerunning ressemble davantage à ce que David Belle appelait « parkour freestyle ». D’autre part étymologiquement, l' »art du déplacement » correspondrait presque parfaitement à ce que j’appelle le « parkour au sens strict », mais c’est également le terme utilisé par les Yamakasi pour éviter d’utiliser le mot « parkour » après une certaine brouille avec les fondateurs. Mais je ne suis pas sûr qu’il soit très utile de s’imposer une prise de tête supplémentaire à ce propos…