L’obstacle, un appui
Traduction en « langage parkour » de « Florilège sur prises » d’Antoine Lemenestrel (Manifeste pour une escalade poétique). Une série d’aphorismes sur l’obstacle.
Parce que l’histoire et l’esprit de l’escalade et du parkour sont remarquablement liés, parce que j’apprécie travailler avec Antoine, et parce que ses réflexions, son engagement et son expérience en escalade ont beaucoup à apporter au parkour.
L’obstacle est l’appui sur lequel repose notre pratique ; le parkour naît au premier obstacle et expire au dernier.
Le hors-obstacle n’existe pas en parkour. C’est dans l’entre-deux obstacles que nous vivons le parkour.
Chaque obstacle a son voisin, chaque obstacle est unique et fait partie du patrimoine architectural du parkour.
Les obstacles sont le point faible de notre pratique, on peut volontairement les casser, les déplacer, les transformer, les altérer. Ils sont à la merci du bon vouloir des traceurs. Un traceur trace sa route, mais quitte les lieux sans laisser de trace.
Les obstacles sont vivants, ils s’usent avec les passages, se lissent au fur et à mesure de leur vie, se cassent sous les sollicitations répétées. Un obstacle est toujours victime de son succès.
L’obstacle est soumis aux vicissitudes du temps, on ne sait pas s’il sera toujours là demain. Il n’est pas intemporel.
L’obstacle a sa forme, sa dimension, son orientation, sa couleur ; il est une note sur la partition architecturale et nous sommes les danseurs qui l’interprètent.
Le traceur est un caillou qui ricoche sur les obstacles.
L’obstacle relie tous les traceurs ; il est leur point de contact dans lequel ils laissent sueur et sang, semelle et terre, frustration et exultation.
L’obstacle est porteur d’une inconnue, du mouvement qu’il engendre ; l’obstacle est porteur d’une surprise.
L’obstacle doit être apprivoisé ; il en deviendra le meilleur compagnon de jeu du traceur.
L’obstacle ne doit pas être craint, mais respecté ; en effet n’est pas un adversaire mais un appui.
Florilège sur prises
Par Antoine Le Ménestrel, sur l’escalade.
La prise est l’appui sur lequel repose notre pratique, l’escalade naît à la première prise et expire à la dernière.
Le hors prise n’existe pas en escalade. C’est dans l’entre deux prises que nous vivons l’escalade.
Chaque prise a sa voisine.
Chaque prise est unique et fait partie du patrimoine minéral de l’escalade.
Les prises sont le point faible de notre pratique, on peut volontairement les casser, les agrandir, les boucher, les tailler. Elles sont à la merci du bon vouloir de l’ouvreur et des grimpeurs.
Les prises sont vivantes, elles s’usent avec le temps, se cassent sous les préhensions répétées, juste après une pluie elles deviennent particulièrement fragiles.
Une prise s’use avec les passages.
La tendance d’une voie d’escalade est toujours de devenir de plus en plus difficile. Une prise est toujours victime de son succès.
Une prise a sa forme, sa dimension, son orientation, sa couleur, elle est une note sur la partition minérale et nous sommes des danseurs qui l’interprétons.
Le grimpeur est tel un caillou qui ricoche sur les prises.
Une prise relie tous les grimpeurs, elle est notre point de contact dans laquelle nous laissons sueurs et sang, gomme et terre, magnésie et résine.
La prise est porteuse d’une inconnue, du mouvement qu’elle engendre, la prise est porteuse d’une surprise.