11 000 jours d’existence !
« La vie? Un rien l’amène, un rien l’anime, un rien la mine, un rien l’emmène. » Raymond Queneau
Aujourd’hui mardi 19 juin 2018, exactement 50 jours après mes 30 ans, c’est à nouveau mon anniversaire !
J’ai 11 000 jours.
Les années ne comptent pas, ça nous rassure de le penser. Et pour être honnête, mon anniversaire de 30 ans ne m’a fait ni chaud ni froid, c’est passé crème comme dans du beurre. En revanche, les jours passent – et avec eux mes cheveux trépassent.
30 ans, avec les années bissextiles et les mois inégaux, ça ne peut pas être précis. Alors qu’un jour c’est 24 heures, une heure c’est 3600 secondes, une seconde c’est 9 192 631 770 oscillations de l’atome de césium. C’est clair et précis. On a beau chercher à voir ceci avec philosophie, il y a moins matière à débat.
Il y a donc eu approximativement 3,64 fois 1017 oscillations de césium depuis ma naissance, à supposer que la sage-femme ait déclenché le chronomètre au bon moment. Ce nombre revient à plus de 10 mille milliards de fois la circonférence de la terre en kilomètres. Soit quand même, une vie déjà bien remplie !
Et pourtant, c’est presque deux millions de fois moins que le nombre d’Avogadro, qui correspond au nombre d’atomes dans une mole. À titre indicatif, une mole de fer pèse moins de 56 grammes. Ça fait relativiser.
J’ai 11 000 jours, mais c’est le cadet de mes soucis. Car vient avec malice une autre date, plus scélérate encore. Dans un peu plus d’un an, le mercredi 8 janvier 2020, je célébrerai dans l’anonymat le plus complet mon anniversaire d’un milliard de secondes d’existence . J’aurai alors 31 ans, 8 mois, 7 jours, 6 heures, 16 minutes, et 40 secondes d’existence. Et tout le monde s’en moque.
Tout ça pour dire… Pour dire quoi en fait ? Que l’âge ne veut rien dire ? Que les nombres n’ont aucun sens en dehors de leur contexte ? Que la physique met en exergue le relativisme de nos systèmes de références, tandis que les mathématiques transcendent l’être par leur rigoureuse incomplétude ?
Pas vraiment. Tout ça pour rien du tout, aujourd’hui j’écris pour ne rien dire.