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David Pagnon

Dormir dehors

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Dormir dehors

Article écrit en tant qu’annexe de mon récit Une tente, Un pouce, un carnet de voyage de mon retour du Liban en autostop, bien animé par de nombreuses aventures…

Introduction

Dormir dehors peut devenir rapidement plus compliqué que prévu. Où poser votre tente? Quel type de tente prendre? Et puis d’abord, n’y a-t-il pas d’alternative à la tente?

I. La tente, ou autre chose?

La tente est le premier refuge auquel on pense classiquement. Il existe toutefois des alternatives.

1. Le sursac

Un sursac n'est rien d'autre qu'un imperméable pour sac de couchage.

Un sursac n’est rien d’autre qu’un imperméable pour sac de couchage.

Comme son nom l’indique, le sursac est une sorte de doublure pour le sac de couchage, en théorie respirante et imperméable. Il est relativement bon marché, il prend très peu de place, il est facile à déployer et sa surface au sol limitée rend le couchage facile à trouver.

Par contre, l’intimité n’est pas du tout préservée, ce qui peut être embêtant si l’expédition dure plus de quelques jours. Et puis on se sent très vulnérable face aux esprits mal intentionnés, qu’il soient humains ou animaux, d’autant plus que tout le matériel doit rester à l’extérieur sans surveillance. Par ailleurs et à la différence de la tente, il n’est pas possible d’y étaler ses ustensiles ni ses habits. Il faut donc refaire le sac à chaque fois qu’on désire en sortir quelque chose, et on ne peut rien faire à l’intérieur. Par conséquent, on est contraint de s’exposer au mauvais temps dès que l’on souhaite lire, écrire, cuisiner ou s’habiller… Enfin, la membrane du sursac est tellement proche du sac de couchage que sa respirabilité relative ne permet pas d’évacuer toute l’humidité due à la transpiration: il n’est pas impossible que vous vous réveilliez trempé.

S’il fait très froid, le sursac peut éventuellement s’utiliser à l’intérieur d’une tente. Et s’il y a besoin d’un tapis de sol (par temps froid), il vaut mieux le mettre à l’intérieur du sursac. Tant qu’à faire, rappelons qu’on peut également insérer un drap polaire à l’intérieur d’un sac de couchage.

Le sursac, une solution qui est donc plutôt réservée aux courtes expéditions.

2. La tarp

Tandis qu'une tarp est une bâche, à installer à sa convenance.

Tandis qu’une tarp est une bâche, à installer à sa convenance.

La tarp est une simple toile résistante aux intempéries. Ce qui implique qu’il faut trouver le moyen de la tendre(avec bâtons, pagaies, arbres ou rochers…), ce qui peut devenir compliqué selon les lieux et l’expérience. En général, la tarp ne couvre qu’une face, l’autre étant laissée à l’air libre. On est donc confronté aux mêmes problèmes d’intimité qu’avec le sursac, et si la tarp n’est pas bien fixée le vent risque de l’arracher: en effet, contrairement à la tente on ne dort pas dessus.

Les intérêt de la tarp, une fois bien maîtrisés sont en revanche sa légèreté et son aspect multifonctionnel. Avec un peu d’imagination, la tarp pourra faire collecteur d’eau, cape de pluie, brancard…

La tarp représente donc une solution souvent extrême, en situation de survie par exemple.

3. Le Hamac

Le hamac présente l’intérêt d’être isolé du sol, ce qui est un atout à la fois contre l’humidité extrême et les bêtes sauvages. Une fois l’habitude prise, il devient confortable.

Il est par contre très visible, et n’est pas adapté en conditions froides ou venteuses. Et surtout, il représente une grosse contrainte pour le fixer. L’imagination aide, mais elle ne fait pas de miracles lorsqu’il n’y a ni arbres, ni poteaux, ni grillages – en zone désertique par exemple,.

L’utilisation la plus justifiée du hamac est donc en forêt marécageuse.

4. La voiture

Si vous voyagez en voiture, c’est un peu différent. Oublions les potentiels problèmes d’essence, de batterie ou de panne quelconque. D’une part vous n’irez pas aux mêmes endroits qu’à pied. D’autre part, il y a de nombreux autres inconvénients: c’est très inconfortable, et surtout une voiture non aménagée se transforme rapidement en frigo l’hiver, ou en four l’été.

Une solution de facilité à prendre avec précautions donc.

5. La tente

Enfin, la tente est la solution la plus confortable, dont les défauts sont généralement largement compensés par les avantages.

Il est particulièrement intéressant de partager une tente si vous ne voyagez pas seul. Quitte à faire un choix, je conseillerais une tente pour deux personne: elle restera relativement légère, assez large pour une personne qui souhaiterait s’étaler un peu pour faire la cuisine et retrouver le T-shirt perdu au fond du sac. Et en cas de voyage à deux, elle est carrément faite pour. Au niveau du choix, les tentes se valent à peu près toutes pour une utilisation occasionnelle: la différence se fait sur le poids et l’encombrement, et sur la solidité.

Le choix de la tente ne me parait déplacé que pour les expéditions en forêt dense, en terrain marécageux, ou si le voyage se doit d’être rapide et léger.

II. Où placer sa tente ?

Lorsqu’on souhaite dormir, l’essentiel est d’être protégé. Protégé du froid, protégé du vent, de l’humidité, des irrégularités du terrain ou encore protégé des attaques extérieures. Ce qui demande un certain coup d’œil.

1. Se protéger du froid et du vent

La terre et les plantes dégagent de la chaleur. Si vous dormez sur de la terre, ou encore mieux en forêt, l’éventuelle sensation de froid que vous ressentirez viendra de la température extérieure ou du vent, pas du sol. Et vous pourrez vous isoler du vent en vous installant entre des rochers ou dans les bois, ou au pire en positionant l’ouverture à l’opposé du vent. 

A l’inverse, un sol en pierre ou bétonné aura plus de chance de vous frigorifier. Et ce sera de pire en pire au fur et à mesure que la nuit avancera, le désagrément atteignant son apogée juste avant le petit matin, sous les effets conjugués d’une activité corporelle ralentie et d’une température du sol allant en s’affaiblissant. Si vous dormez en ville et que vous craignez d’avoir trop froid, vous pourrez toujours chercher des cartons pour vous isoler un peu du sol.

L’exception à cette règle correspond aux toits des immeubles habités, chauffés pendant la nuit. A cet avantage s’ajoutent souvent des graviers confortables, et des rebords qui isolent du vent. Enfin… Ceci suppose que vous soyez capable d’y monter et ce n’est pas forcément trivial.

En ce qui me concerne, je ne suis pas un grand fan des feux: il faut vraiment se mettre juste à côté pour ne pas avoir froid, et si on veut être abrité pendant qu’on le prépare il faut le mettre juste à côté de la tente, qui finit vite enfumée. Et puis ce n’est pas autorisé de partout, et c’est moins pratique qu’un réchaud pour cuisiner. En communauté par contre c’est sympa.

2. Se protéger de l’humidité

J'aurais peut-être dû tendre un chouilla plus la tente !

J’aurais peut-être dû tendre un chouilla plus la tente !

Les terrains organiques (naturels) seront généralement plus humides, mais en cas de forte pluie ils draineront plus facilement l’eau que tout ce qui est bétonné, et d’une manière général ce qui est dur et sec.

Attention, on est souvent tenté de caler sa tente ou son sac dans des recoins, creux ou autre anfractuosités du terrain. Certes c’est isolé à la fois de la vue et du vent, mais pensez bien que c’est là que l’eau se concentrera en priorité. Finir trempé arrive bien vite lorsqu’on choisit de poser sa tente au creux d’une colline par temps incertain… A vous de trouver le meilleur compromis!

Si malgré tout votre tente est mouillée le lendemain et qu’il fait beau, vous pouvez y passer un petit coup de serviette éponge microfibre et tout ira bien. S’il continue à pleuvoir, rangez-la le plus vite possible, et assurez vous bien de la réutiliser le soir même pour qu’elle ne moisisse pas, ou sinon de l’étendre le soir-même en rentrant. Avant la douche, parce qu’après vous risquez d’avoir la flemme…

3. Se protéger de la morphologie du terrain

Là ce n’est pas compliqué sur le papier, il suffit de se trouver un terrain relativement aplani, et pas en pente. Ce qui peut être plus difficile à appliquer en terrain rocailleux par exemple… Tout dépend ensuite des sensibilités de chacun. Un tapis de sol, voire une pelle pourra vous rendre service; mais le mieux reste de s’habituer.

4. Se protéger des attaques extérieures

Face aux animaux, on ne peut pas faire grand chose. Leur odorat est suffisamment développé pour que toute cachette soit vaine, et ils sont souvent assez agiles pour qu’un abri en hauteur n’offre qu’une sécurité limitée. La seule chose que je suis capable de vous conseiller, c’est de ne pas établir votre campement dans la tanière d’un ours.

En revanche, et à moins que vous ne fassiez du bruit ou du feu, les humains ne se douteront de votre présence que s’ils peuvent vous voir. Et malheureusement, certains d’entre eux ne sont pas forcément bien intentionnés. Le tout est donc d’être isolé. Dans la nature, vous pourrez vous installer à l’écart des chemins, entre des rochers, à l’ombre d’un gros arbre, etc. Une teinture camouflante est une bonne chose, mais un camouflage pour la forêt sera beaucoup moins discret dans un paysage désertique.

Conclusion

Avant de partir, réfléchissez donc bien au choix de votre abris, en sachant que la tente présentera généralement les meilleurs compromis. Et quelques heures avant la nuit, choisissez votre campement en pensant à vous protéger du froid, du vent, de l’humidité, des aléas du terrain, et des attaques extérieures.

Dernier conseil mais pas des moindres, si vous pensez aller chercher de l’eau ou de la nourriture, si vous voulez faire un tour ou faire vos besoins, trouvez bien des points de repère qui vous permettront de retrouver votre tente! Se retrouver en pleine nuit glaciale sans savoir si la tente est à droite, à gauche, devant ou derrière n’est pas l’expérience la plus agréable que vous pourrez vivre.

Et puis allez, tant que j’y suis, la consigne du jour c’est de ne pas laisser de traces: ni déchets, ni excréments (à enfouir sous terre une fois mélangés avec un bâton), ni cendres, ni rien qui puisse laisser présumer de votre présence quelques heures auparavant! ‘Faut arrêter, la nature c’est pas une poubelle, et la ville non plus d’ailleurs. Mais vous le saviez déjà, non?

 

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