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David Pagnon

Mon enterrement [partie 1]

Mon enterrement [partie 1]

Mon enterrement [partie 1]

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Mon enterrement [Partie 1]

La rencontre ici : http://david-pagnon.com/fr/lelue-de-mon-coeur-et-l-etat-islamique/
Le récit des fiançailles là : http://david-pagnon.com/fr/fiancailles-a-prolongations/
Les vœux : http://david-pagnon.com/fr/nos-voeux-de-mariage/

 

« Si je me frappe et que ça me fait mal, suis-je fort ou suis-je faible ? Ou juste stupide ? »

Introduction

C’était il y a quelques mois. Une journée chaude et humide, chargée en émotion. Douloureuse certes, mais pourtant pleine d’espoir. Mon premier enterrement.

C’était un événement touchant, bien que la cérémonie ait été très simple, presque spartiate : on ne m’avait pas prévu de cercueil. Mon corps descendait doucement dans la fosse, offert aux yeux de tous mes amis tandis que les premières poignées de terre s’abattaient sur moi, déterminées et volontaires. Mes anciens compagnons de cordée devraient faire sans moi maintenant. Ou du moins, avec un moi un peu différent. Un peu moins vivant peut-être ? L’émotion était palpable tandis que les plus guerriers de mes amis semblaient remués. Tout attendris les durs-à-cuire. J’en ai été moi-même bouleversé, il me semble d’ailleurs avoir versé une petite larme.

Toute cette affaire m’avait certes pris par surprise, cependant contre toute attente j’avais été prévoyant. J’avais rédigé un testament en bonne et due forme, dont les termes étaient clairs : je ne voulais pas finir ma vie dans un bar à strip-tease, ni perdre mes derniers souvenirs en beuverie orgiaque. Toutefois, j’avais omis d’aborder le thème de la mise à mort… C’était compter sans le sadisme de mes amis, qui savent très bien par quel bout me pendre.

Pardon, me prendre. Qui savent très bien comment m’inhumer, si vous préférez.

Ma foi, je m’en suis remis sans trop de peine. Mieux encore, j’ai somme toute bien apprécié ! Car ne vous en déplaise, mon enterrement de vie de vivant n’est pas encore programmé. Je parle ici de mon enterrement de vie de jeune garçon. Une charmante métaphore pour parler de la dernière grosse aventure de ma vie de célibataire, que j’abandonnais pour toujours en ce mois d’avril 2017. Une bonne transition avant les prochaines aventures de ma vie de marié.

La rencontre ici : http://david-pagnon.com/fr/mars-2016-partie-25/
Le récit des fiançailles là : http://david-pagnon.com/fr/fiancailles-a-prolongations/
Les vœux échangés lors du mariage sur cette pagehttp://david-pagnon.com/fr/nos-voeux-de-mariage/

Trop long ? La vidéo de l’enterrement de vie de garçon icihttps://www.youtube.com/watch?v=8Y_X0akSbPA

 

I. Ma fiancée est enlevée !

Un beau samedi matin de printemps, je suis réveillé par un numéro inconnu. Une voix grave et impérieuse résonne au bout du fil :
 » David, ta fiancée est enlevée, il va te falloir la sauver. Tu as 5 minutes pour te retrouver dans le parc de l’île verte. Prends des affaires pour le weekend, et une pomme.
– Une pomme ? Pourquoi ?
– David, ta fiancée est enlevée.
– Noooooooon, pas ma fiancée !! … Mais pourquoi une pomme ? Je n’ai plus de pomme, je n’ai que des oignons.
– … Ok, prends un oignon. C’est très bien aussi un oignon. C’est même parfait. Autre chose, ne passe pas par la porte !
– Tout cela n’a aucun sens. Elle n’est pas en Arizona ma fiancée ? Bon, peu importe, l’intonation ardente et amicale de votre voix me pousse à vous accorder toute ma confiance. J’arrive ! »

En vitesse, je m’équipe du strict minimum, mon oignon et mon couteau. Mon oignon – à défaut d’un autre organe tout aussi vil, celui qui rime avec « épicondylite » (la tendinite des célibataires). J’hésite une seconde, puis j’attrape au passage mon sac de couchage. Le minimalisme a des limites.

Tout à mon graveleux jeu de mot, j’oublie une partie des instructions. J’ouvre la porte en vérifiant l’heure sur mon portable. Maladroit comme je suis, il m’échappe des mains et vient s’écraser par terre. De violents crépitements en sortent sitôt, me tétanisant sur place. C’est une pétarade effroyable. Est-ce que mon téléphone a explosé, comme le faisaient les produits de la marque coréenne il y a quelque temps ? J’ai mal à la cuisse aussi. Et il y a des gens armés en cagoule devant ma porte, qui me tiennent en joue. Trop d’informations contradictoires et incohérentes. Je suis perdu.

Je claque la porte et ferme à clé par réflexe, pendant que les choses se remettent en ordre dans ma tête. Que s’est-il passé ? J’ai ouvert la porte en faisant tomber mon portable. Des « terroristes » postés là en ont profité pour me tirer dessus. Mon téléphone semble aller bien. Ma cuisse ne va pas si mal. Adrénaline ou pas, impossible que je me sois fait tirer dessus à balles réelles. Je trouve quelques billes blanches par terre. Ce violent crépitement n’avait rien à voir avec mon portable, c’était une rafale de mitraillette d’airsoft sur ma cuisse.

Dans la vraie vie, j’aurais déjà été mort. Quid de la fameuse maxime « parkour, toujours prêt » ? Je n’étais pas prêt. Ça aurait pu être la fin de l’aventure, abrupte et inachevée. J’aurais dû écouter la voix et passer par le toit. Ce n’est pas comme si je n’avais pas l’habitude. Je passe mon temps y grimper, qu’il pleuve ou qu’il vente, les mains libres ou chargé comme une mule. Les instructions étaient claires pourtant. J’ai été distrait, je n’ai aucune excuse. Une hont

Petit tour du propriétaire pendant une après-midi paisible de printemps, alors que le ciel était bleu, les oiseaux chantaient et rien ne semblait pouvoir m’arriver.

Je saute sur le toit, je m’infiltre dans les combles, et j’emprunte un passage secret de ma connaissance pour arriver directement au niveau de la cage d’escalier. Plus personne en haut, personne en bas non plus. Mais il reste une porte à franchir, celle de l’entrée de l’immeuble. Ma cuisse a reçu sa dose, elle me fait savoir qu’il faudrait que je trouve une autre sortie. Je passe par une fenêtre du couloir, saute en bas d’une cours intérieure. Tout content de ma ruse, je me dirige vers cette autre issue dont personne ne soupçonne l’existence. Je pose ma main sur la poignée…

Fermée. Impossible de sortir par là. Mince. Tentons une autre porte. Fermée aussi. La situation est pire que ce que je ne craignais : je suis coincé dans cette cour, auto-incarcéré et seul au monde avec ma bêtise. Cette journée commence bien. Que faire ? Téléphoner à mes amis pour qu’ils me délivrent ? C’est vraiment la honte. C’est moi qui suis supposé être le héros et sauver ma femme, je ne suis pas censé me mettre tout seul dans la galère !

Je n’accepte pas le sort. J’entreprends donc une partie d’escalade, suivie d’un saut de bras technique et engagé, de bon matin avec mon sac sur le dos. C’est chose faite, j’attrape la fenêtre de deuxième étage et je retrouve la cage d’escalier ! Cette fois-ci tant pis pour l’éventuel guet-apens, je passe par la porte principale. Personne. Je cours donc jusqu’au lieu de rendez-vous, la queue entre les jambes et avec 15 minutes de retard !

Les terroristes sont impitoyables, ce retard mérite une sanction exemplaire : je fais des pompes. Par ailleurs ils m’expliquent les règles du jeu : moi qui suis un grand mangeur de fruits, je dois en être dégoûté d’ici la fin de la journée. À chaque impair, je dois manger une pomme. Manque de chance, j’ai avoué ne plus avoir de pommes chez moi. Manque d’esprit, j’ai proposé d’apporter un oignon à la place. Fatale erreur et superbe bâton tendu pour me faire battre. Que voulez-vous, faute de pomme on mange des oignons.

La sentence, encore une fois, est irrévocable : je dois le croquer, je dois l’avaler. Suprême moment de solitude face à leur sale petit air espiègle et réjoui. Ça pique, c’est mauvais, j’ai le larynx qui pleure et je suis condamné à avoir une haleine putride pour la journée.

Pendant que les bandits, sur le point d’aller acheter des pommes au supermarché, troquent leurs tenues de combat pour une apparence plus socialement acceptable, je finis de payer pour mon retard. Je dois grimper au sommet d’un lampadaire, en redescendre la tête en bas, puis labourer à mains nues un talus pour y exhumer un trésor inexistant, qui tout compte fait se trouve en fait au sommet du plus haut pin du parc. Les premières branches étant hors de portée, ils pensent me pousser à l’abandon.

Mais les arbres sont mes amis, encore et toujours. Je grimpe un autre arbre, dont une branche est suffisamment proche du voisin pour je puisse faire le transfert. Après réflexion, mes tortionnaires réalisent que ce n’est pas un trésor qui se trouve en haut de l’arbre, la réalité c’est qu’il faut que j’y chante l’hymne américain !

Eh oui, ma future femme est américaine. À ma grande honte, je réalise que je ne connais pas son chant national… Je chante donc à tue-tête l’internationale, hymne national de l’URSS. Close enough.

C’est la lutte finale et j’ai enfin le droit de redescendre, pour qu’on puisse m’expliquer un peu plus clairement les tenants et les aboutissants de l’affaire.

"Mince, c'est quoi l'hymne américain déjà ? Allons-y pour "l'internationale", avec un peu de chance ils n'y verront que du feu !"

« Mince, c’est quoi l’hymne américain déjà ? Allons-y pour « l’internationale », avec un peu de chance ils n’y verront que du feu ! »

II. Trump s’oppose à notre union !

Par ici pour la suite ! Ce vendredi soir, partie 2.

III. À l’assaut des kidnappeurs

Par ici pour la suite ! Ce vendredi soir, partie 2.

IV. Suis-je prêt à être un bon mari ?

Par ici pour la suite ! Mardi prochain, partie 3.

V. L’enterrement

Par ici pour la suite ! Mardi prochain, partie 3.

VI. Les pommes

Par ici pour la suite ! Mardi prochain, partie 3.

Et pour ceux qui n’aiment pas lire, voici la vidéo de mon enterrement !

 

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