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David Pagnon

Les grimpeurs (é)perdus

Les grimpeurs (é)perdus, Février 2015, Le Dauphiné Libéré, Avignon

Les grimpeurs (é)perdus

Antoine Le Menestrel : l’art de danser sur les façades

«Attention aux torticolis », c’est ainsi qu’Emmanuel Serafini avait présenté la création spéciale “CDC” d’Antoine Le Menestrel. Rencontre avec un artiste qui a fait de l’escalade une danse.

Serez-vous interprète et chorégraphe sur “Les Grimpeurs (é) perdus” ?
Je suis sur scène mais différemment. Tout mon travail sur ce spectacle était de ne pas me mettre en scène mais de mettre en scène d’autres interprètes. Ils sont quatre, deux traceurs, Anthony Deny et David Pagnon, un acrobate, Antoine Prost, un voisin de Saignon qui fait du main à main, du tête à tête, du corps à corps et une danseuse, Ophélie Brunet, qui vient de la danse contact et qui fait de la danse sur des murs d’escalade. Comme danseur je vis mon rêve, comme chorégraphe je vois mon rêve en réalité : nouvelles sensations.

Traceurs ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce sont des personnes qui font du Parkour, l’art du déplacement. Ils utilisent l’architecture et les éléments comme obstacles, comme supports pour se déplacer. Ce sont des Yamakasi, mais c’est un nom déposé, ils ont été connus par le film de Luc Besson (Taxi 2). C’est une discipline jeune, elle commence à être enseignée. Le Parkour a été développé dans les années 90 sur un mur d’escalade, mais dans les années 20, Harold Lloyd dansait déjà sur les façades !

Quelle a été votre source d’inspiration ?
Je me suis inspiré du “Dépeupleur” de Samuel Beckett : “Le besoin de grimper est trop répandu. Ne plus l’éprouver est une délivrance rare” ainsi que d’Albert Camus et son “Mythe de Sisyphe”. Il y a le plaisir de l’ascension mais s’il n’y a pas de plaisir à la descente alors cela devient une chute. Au sommet, on vous voit, on peut regarder en bas, on réalise un désir, mais on est seul, il fait froid, il n’y a pas d’oxygène. Le sommet n’est qu’un lieu de passage, ce n’est pas un lieu de vie.

Le plein air ne vous manque-t-il pas ?
Je me sens enfermé, mais cela fait partie de ma thématique. En extérieur, j’ai un rapport cosmique, là je me nourris du lieu, je suis dans un cube à six faces, les trois verticales, le 4e mur, le grill et le sol et j’investis les six façades, je crée ma pièce et j’offre les façades sur un plateau… de théâtre !

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